Par le plus grand des hasards, nous nous sommes retrouvé en possession de Tayü, un jeu pour 2 à 4 joueurs de Niek Neuwahl, édité par Goliath Games pour la première fois en 1999 (On fait de l’archéoludisme!) et sélectionné la même année au Spiel Des Jahres. Sans le remporter néanmoins. Depuis le titre a connu plusieurs rééditions et nous allons vous parler de celle de 2012.
Une base millénaire
Tayü se base sur la légende Yü le Grand qui fut désigné pour stopper les inondations meurtrières qui, aux environs de -2200 avant JC, se produisaient souvent en Chine. Cet homme mit 13 ans à construire un réseau de canaux d’irrigations pour contenir les flots destructeurs. 13 ans de détermination et de persévérance qui lui permirent d’accéder au trône de Chine. A l’époque on transmettait le trône à la personne la plus méritante. Bon par la suite, Yü a décidé que c’était son fils et a instauré une dynastie de presque 500 ans après mais c’est un autre débat.
Parlons du jeu
Dans Tayü, chacun des joueurs va incarner un constructeur de canal et tenter de faire un maximum de points en amenant le plus de canaux possibles de part et d’autre du plateau qui sera commun à tous.
Nous parlerons uniquement de la règle à 2 joueurs pour le moment, la version à 4 joueurs étant une simple adaptation en équipe de cette dernière et celle à 3 joueurs sera détaillée plus bas.
A son tour, un joueur va piocher une tuile dans un sac opaque et la disposer sur le plateau. Cette tuile représente les chemins parcourus par les canaux. La règle pour poser une tuile est simple : Elle doit être adjacente à une tuile précédemment posée, être connectée par un bras de canal et ne pas en couper.
Diviser ses efforts pour mieux gagner
C’est dans le calcul des scores que Tayü est malin. Les joueurs vont devoir scorer de deux côtés à la fois, Nord/Sud pour l’un, Est/Ouest pour l’autre. Il faudra multiplier les scores des deux côtés pour connaître son véritable score. Inutile donc de faire 12 points d’un côté du plateau si vous délaissez l’autre, 12×0 donnant toujours un score nul.
Il faudra donc diviser ses efforts des deux côtés du plateau pour gagner. Tout en évitant de donner des opportunités de points à son adversaire, voir en le gênant.
Petit point de règle, à certains emplacements sur le bord du plateau, vous trouverez des cercles. Si vous faites déboucher un canal à cet emplacement, il vaudra deux points au lieu d’un seul. Essayez de les viser !
Dans cet exemple Nord/Sud font 9 x 5 (les ronds sur le bord valent double), et Est/Ouest font 7 x 7 = 49. Le joueur jouant Est/Ouest remporte la partie.
En parlant du plateau…
Ce qui attire l’œil quand on a une boîte de Tayü en mains, c’est déjà son visuel. Il est superbe.
Au premier abord, on a l’impression de tomber sur une bataille de Shogi entre deux généraux et finalement non, on est bien dans une bataille mais de pose de tuiles et de connexions.
Ça surprend un peu et je trouve que les précédents visuels collaient mieux au jeu mais j’adore cette couverture. Au final c’est le contenu qui nous intéresse !
Un plateau composé de deux plaques de plastique. Facile à monter grâce a des encoches, on le met en place et le range rapidement. J’avoue avoir eu peur de le casser au départ mais le matériel est solide et ne bouge pas. Le plateau est rempli de 18 x 18 trous qui permettent de mettre en place les tuiles et qu’elles ne bougent pas. C’est une idée d’ergonomie tout simplement géniale. Merci d’y avoir pensé ! Plus d’une fois à Carcassonne, Isle of Skye ou Patchwork, un mauvais geste dans la table a fait bouger tout le plateau. Ici c’est posé et ça ne bougera pas avant la fin de partie.
D’ailleurs les tuiles…
Elles sont dans un rouge nacré qui donne un aspect laqué très chinois qu’on aime beaucoup. Mais les tuiles ne sont pas que belles !
Chacune des 28 tuiles est en 3 exemplaires, elles peuvent avoir des ramifications qui sortent par 1, 2 ou 3 côtés et les connaître au fil des parties vous donnera un avantage certain.
Les tuiles avec des ramifications qui sortent des 3 côtés possèdent une gravure différente sur leur dos, l’un des « picot » est strié, permettant de les reconnaître au toucher quand on les pioche dans le sac. C’est un choix stratégique de les prendre.
Partie à 3 et 4 joueurs
Nous vous le disions plus haut, la partie à 4 joueurs est une simple version par équipe. On multiplie les scores en fin de partie et on déclare l’équipe gagnante. Rien d’extraordinaire mais ça a le mérite de bien marcher.
Les parties à 3 joueurs sont par contre plus originales, un des joueurs joue le rôle du fauteur de trouble. Son but est qu’aucun des deux joueurs n’atteigne au moins 24 points. Si c’est le cas, il remporte la partie. Dans le cas contraire, c’est le joueur avec le meilleur score qui remporte la partie.
Différence avec les précédentes éditions
En me renseignant sur Tayü, j’ai pu remarquer plusieurs différences dans les éditions. Tout d’abord esthétique, le jeu est passé par plusieurs couvertures.
Les tuiles aussi ont changées, passant du blanc au rouge.
Mais ce qui m’a le plus surpris, c’est que dans cette édition de 2012, le nombre de tuiles a été réduits. Avant les tuiles étaient en 4 exemplaires de chaque. Portant le tout à 112 tuiles. Désormais ce n’est plus que 3 exemplaires pour un total 84 tuiles.
Par déduction, le jeu doit devenir plus tactique en réduisant le nombre de possibilité en fin de partie et en facilitant la déduction des pièces restantes. Mais n’ayant pas joué aux premières versions je ne peux pas confirmer cette intuition.
Le bout du canal
Tayü est un jeu de pose de tuiles dans un espace délimité où vous devrez amener vos « canaux » sur les bords du plateau pour marquer des points. Simple et efficace, il permet à 2 à 4 joueurs de s’affronter pour déterminer qui est le meilleur constructeur de canaux. Particularité intéressante du jeu, il vous faudra le faire de part et d’autre du plateau (par exemple Nord/Sud) pour calculer votre score, le résultat étant le multiple des deux bords. Impossible de délaisser un côté si vous ne voulez pas vous retrouver avec un score nul. Pendant ce temps, votre adversaire essaiera de faire des points en sortant des canaux sur les autres bords (Est/Ouest). Tout le jeu est une subtile combinaison entre opportunisme pour faire progresser ses canaux ou empêcher son adversaire de faire trop bien progresser les siens. Une partie en appelle une autre. On assimile rapidement les tuiles et on essaye de prévoir à l’avance le cheminement que l’on peut espérer tirer pour maximiser ses points. La courbe d’apprentissage est rapide et très agréable !
Facile d’accès, rapide tout en restant tactique. Tayü est un jeu de bientôt 20 ans mais qui n’a pas pris une ride que l’on vous conseille fortement !
Récap de la Rédac
Nombre de joueurs | de 2 à 4 bâtisseurs |
Age conseillé | à partir de 7 ans |
Durée d’une partie | Entre 30 et 60 minutes |
Auteur | Niek Neuwahl |
Illustrateur | Pas d’info 🙁 |
Éditeur | Goliath |
Prix | 25 € |