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Robinson Crusoé – Aventures sur l’Ile Maudite et son extension Contes et Mystères

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Salut les naufragés ! Comme Robinson on s’est échoué sur une petite île ludique le temps de plusieurs sessions de jeu. Robinson Crusoé – Aventures sur l’Ile Maudite d’Ignacy Trzewiczek a bénéficié d’une réédition chez Edge et Portal Games. Avec la sortie récente de Contes et Mystères, l’extension du jeu, nous avons découvert ce titre coopératif et exigeant.

Nécessaire de survie

Quand on voit le matériel présent dans la boîte de base, on se dit que l’Ile Maudite renferme plein de ressources et de secrets. On trouve une multitude de jetons en carton, de cartes (plus de 200 avec finition toilée), 12 dés plastique et un plateau de jeu de très belle taille.

De nombreux jetons en bois pour les ressources ou les actions des joueurs sont également présents au sein de cette boîte. L’ensemble du matériel est de qualité, les pions Action et ressources qui seront énormément manipulés en jeu sont en bois et assurent de conserver un jeu en bon état au fil des parties. En revanche, il faut prévoir une belle zone de jeu, pour y jouer dans de bonnes conditions. Le plateau sera bien rempli, mais son pourtour aussi ! Les plateaux personnels ne sont pas trop gourmands en place, c’est un bon point 😉 Ils ont la particularité de proposer les différentes classes de personnages en version féminine au recto et masculine au verso, et vice et versa.

Pour revenir sur les pions en bois, ils ont bénéficié d’une “upgrade” par rapport à la première édition. Les ressources ne sont plus des cubes en bois mais des petits objets à la forme de la ressource qu’ils représentent, plus facile à identifier et agréable à manipuler. 

Le guide de survie

Le livret de règles est imposant et impressionnant. Il nous a un peu effrayé à l’ouverture de la boîte. Quand on a vu les 40 pages en grand format, on n’en menait pas large, mais au final il y a eu plus de peur que de mal. Un des gros reproches qui était fait à la première version du jeu paru chez Filosofia, c’est le manque de clarté dans les instructions de jeu. Ici, Portal Games et Edge ont tout revu en profondeur pour proposer un livret clair et détaillé. 

Le matériel et les phases de jeu sont présentés clairement, avec de nombreuses illustrations et des exemples. la deuxième partie du livret revient en détails sur certains points. C’est très utile en jeu mais après la lecture de la première partie, on peut déjà commencer à jouer.
La plupart de productions récentes d’Edge ou FFG, comme Assaut sur l’Empire, Horreur à Arkham ou Marvel Champions, proposent deux livrets : un de règles et un guide de références. C’est le même principe ici, sauf que tout est condensé en un seul volume. 

Tout est très bien expliqué, en détails, vous ne pourrez plus reprocher à Robinson Crusoé d’avoir des règles incompréhensibles ! 

Pour les parties, on a 7 fiches scénarios présentes dans la boîte de base (un de plus que dans la version précédente).

A l’aventure !

Le but du jeu va être de résoudre un scénario en atteignant un ou plusieurs objectifs. Dans la boîte de base, ils ne constituent pas une campagne, mais plutôt une suite logique et il est préférable de les faire dans l’ordre suivant leur numérotation. Leur difficulté grandissant au fur et à mesure. 

Le premier, “Les Naufragés”, est un des plus longs en terme de tours de jeu, mais le plus “simple” en terme de règles. Rien de péjoratif dans l’emploi du terme “simple” ici, juste que les suivants introduiront de nouvelles petites règles. Une sorte de tutoriel qui vous aidera a assimiler les règles. Mais qui ne vous épargnera pas non plus. 

La mise en place du jeu demande un peu de pratique pour être fluide. Le plateau de jeu est une bonne aide car il présente plusieurs sections permettant d’avoir une aire de jeu claire et organisée. Il faut installer différents decks de cartes qui seront utiles au cours de la partie pour la résolution de certaines phases de jeu.

Les tours de jeu sont divisés en différentes phases durant lesquelles les joueurs seront plus ou moins actifs. On a un découpage et un déroulement du jeu très mécanique. La narration n’intervient qu’en début de partie pour expliquer la situation des naufragés et leurs objectifs, et à la fin du scénario pour la résolution.

Mais cette division du tour en 6 phases est très pratique et totalement logique en jeu. On apprécie la petite aide de jeu récapitulative du déroulement des phases. On s’y réfère rapidement pour bien exécuter tout dans l’ordre. 

Les joueurs devront coopérer pour réaliser des actions de collecte de ressources, d’exploration, de chasse ou d’amélioration du camp. Tout le monde s’en sort, ou tout le monde perd s’il y a un mort. On est aux antipodes d’un Galèrapagos, même si le thème est proche. Oubliez les coups dans le dos si vous voulez survivre !

Une action assurée, ou deux actions à risque ?

Pour réaliser une action, un joueur doit attribuer un ou deux des deux pions Action à la tâche qu’il souhaite faire. La résolution est simple : si deux jetons Action sont placés c’est une réussite automatique ; en revanche si un seul est attribué, il y aura un lancé de dés pour connaître le succès ou non de l’action.

Les réussites automatiques sont rassurantes mais il faudra jouer avec la prise de risque des actions avec un seul jeton si vous voulez espérer finir les scénarios car vous n’avez que 2 jetons Actions par personnage à chaque tour. 

Chaque action a son set de dés avec sa couleur. Les trois dés sont différents et indiquent chacun la réussite ou non de l’action, le nombre de blessures reçues et l’ajout d’un marqueur « ? » sur le deck correspondant. 

A part la communication, la dépense de jetons Actions est le cœur du jeu. Toutes les décisions seront prises avec en tête la question “Vaut-il mieux assurer l’action en dépensant 2 jetons ou est-ce que je prends le risque d’échouer et avoir la possibilité de réaliser plusieurs actions?”. Les tours de jeu sont limités et on ne dispose que d’un nombre réduit d’actions, il faudra constamment jongler entre les priorités et les envies pour parvenir à ses fins.

Se reposer sur son matériel

Il sera possible de débloquer quelques jetons d’action supplémentaire via la fabrication d’objets, ou en recevant l’aide de Vendredi ou du chien. Ces personnages secondaires ne sont pas à négliger, dans les parties à moins de quatre joueurs leur aide est précieuse. 

Dans le premier scénario par exemple, il faut parvenir à ériger un bûcher pour signaler sa présence à d’éventuels navires naviguant près de l’île. Il faudra pour cela découvrir le feu, et mettre assez de bois de côté. Cependant la vie sur l’île n’est pas de tout repos. A tous les tours il faudra avoir assez de nourriture pour nourrir les naufragés et assez de bois pour éventuellement se chauffer.
Il est possible d’améliorer son camp pour moins souffrir de la météo, c’est une dépense ponctuelle de ressources mais qui permet d’en économiser par la suite. Avoir un toit au dessus de sa tête pour dormir, protège des blessures liées à la météo. L’améliorer en revanche offre plus de confort pour résister à des conditions moins favorables.

Les palissades peuvent protéger les explorateurs des dangers extérieurs comme les bêtes sauvages qui pourraient attaquer. 

Une île peu accueillante finalement

Ces conditions extérieures sont gérées par le deck de carte événement dont on révèle et résout une ou plusieurs cartes en début de tour mais également par un jet de dés Météo et bêtes sauvages en fin de tour. L’île maudite n’est vraiment pas accueillante envers les naufragés qui ont le malheur d’y échouer. La difficulté est bien présente tout au long de la partie et les déconvenues sont légion. il faudra user de toutes les possibilités et d’un esprit d’équipe infaillible pour s’en sortir. 

En ce qui concerne l’exploration de l’île, vous serez amenés à la parcourir de long en large. Au début vous n’en voyez qu’une toute petite partie, et en effectuant l’action Exploration vous la découvrirez hexagone par hexagone. Chaque tuile de terrain indique le type de paysage qui s’y trouve, les ressources que vous pourrez y récolter et éventuellement quelques bonus ou bêtes sauvages. Vous devrez trouver certains types de terrains pour pouvoir construire certains objets. La corde nécessitera d’avoir découvert la prairie et ses longues herbes par exemple. Thématiquement ça colle et pousse à l’exploration pour améliorer son quotidien.

Les scénarios de la boîte de base sont variés et proposent des objectifs qui le sont tout autant. On a beaucoup aimé les clins d’œil Pop culture de certains qui mettent les joueurs en situation sur l’Ile Infernale, dans Volcano ou les envoient sur l’île de King Kong ! Le jeu prend des libertés avec le roman de Daniel Defoe mais on apprécie grandement. 

Folklore exotique

En fin d’année dernière est sortie la première extension pour le jeu, et s’intitule Contes et Mystères. Avec un tel titre, vous vous doutez bien que l’accent fantastique a été poussé pour les futures aventures des naufragés. Pour l’occasion, Ignacy Trzewiczek s’est associé à Joanna Kijanka. La survie est toujours au centre du jeu et du gameplay, mais quelques éléments surnaturels viendront se mettre sur le chemin de nos braves aventuriers.

Globalement les règles ne changent pas et on utilise évidemment le matériel de la boîte de base. Cependant, il y a tout de même beaucoup de nouveau matériel. De nouvelles cartes, de nouveaux jetons en grand nombre… tout ce qu’il faut pour renouveler l’expérience dans de bonnes conditions. On a même une enveloppe surprise à ouvrir au cours de l’aventure, les rebondissements sont garantis !

Les plateaux joueurs sont revus, et plusieurs nouveaux personnages sont jouables. Une jauge de Santé Mentale fait son apparition sur le plateau personnel. C’est une nouvelle donnée à gérer lors de l’aventure, qui sera une occasion supplémentaire d’avoir des bâtons dans les roues pendant les 6 nouveaux scénarios. On modifie les dés du jeu de base en collant des vignettes sur les faces vierges. Le retour en arrière est évidemment possible en n’en tenant pas compte lors d’une nouvelle partie sur un scénario issu de la boîte originale. 

Les scénarios s’enchaînent !

L’autre grosse nouveauté, c’est l’organisation des scénarios en campagne. Comme dans ceux de la boîte de base, il faudra les faire dans l’ordre, mais vos actions auront des conséquences sur la suite de l’aventure. Encore une fois, le jeu ne fait pas de cadeaux et parvenir au bout c’est pas une sinécure.
“L’inconvénient” de ce mode campagne est qu’il doit être suivi par les mêmes joueurs, sur plusieurs sessions. Tout dépend des joueurs que vous avez dans votre entourage pour pouvoir suivre le déroulement de la campagne. De notre côté, on l’a commencé à deux avec Younz, pour limiter les contraintes de disponibilités et être sûrs d’aller jusqu’au bout des cinq scénarios de la campagne. 

Au niveau de la durée de vie, elle est excellente. Que ce soit sur les scénarios de la boîte de base ou ceux de l’extension, les parties durent entre 90 et 120 minutes, mais on n’a jamais vu le  temps passer. Même lors de notre toute première partie qui nous a occupée presque 3 heures et demie. La première partie comporte forcément des allers/retours dans la règle pour être sûr de jouer correctement mais au fil des tours, on s’éloigne de plus en plus du livret. Les scénarios suivants sont beaucoup plus fluides dès le départ. On a dit plus haut que la difficulté était au rendez-vous, il faudra donc compter quelques heures en plus pour rejouer les scénarios échoués. On n’a jamais la même partie deux fois de suite, même en relançant un scénario  grâce à l’aléatoire induit dans l’exploration de l’île et tout au long du jeu via les cartes et les dés. 

Un cadre dépaysant

Cette nouvelle édition de Robinson Crusoé – Aventures sur l’Île Maudite est illustrée par Vincent Dutrait. On a déjà eu l’occasion de vous dire tout le bien que l’on pensait de son travail dans l’article sur Naga Raja, on peut sans souci réitérer l’opération ;). Que ce soit sur les cartes ou les tuiles, on aime les illustrations de Robinson Crusoé

L’extension Contes et Mystères, en plus d’avoir une boîte superbe est beaucoup plus orientée Pulp dans ses visuels et on adore. C’est un style qui nous parle, on a une affection toute particulière pour cette esthétique série B, voire Z et elle est ici magnifiquement retranscrite. 

Conclusion

Robinson Crusoé – Aventures sur l’Ile Maudite est un jeu coopératif dans lequel les joueurs devront s’entendre pour réaliser diverses actions et survivre. Les naufragés devront prendre le risque d’effectuer plus d’actions au résultat incertain ou un nombre limité d’actions sûres pour trouver de quoi manger, se chauffer et affronter les bêtes sauvages. Rester dans sa zone de confort vous assura la défaite, il va falloir apprendre à bien doser la prise de risque pour espérer s’en sortir !

Chaque tour est le théâtre de discussions entre les joueurs, de négociations, de points de vue, d’idée. Entre ceux qui veulent assurer le coup pour ne pas trop subir les dégâts qui vont forcément survenir rapidement et ceux qui veulent tenter des choses pour essayer d’améliorer leur quotidien quitte à y laisser des plumes, le jeu demande de la planification et des échanges entre les joueurs voir des compromis qui peuvent amener à des situations tendues !

L’extension Contes et Mystères apporte l’ajout d’un mode campagne et entraîne les aventuriers dans une mystérieuse cité peuplée de créatures étranges. Les mécaniques de base restent globalement inchangées mais l’aventure a une saveur plus Pulp qu’on a adorée.

Robinson Crusoé est un titre assez simple à appréhender, mais qui propose un challenge relevé. On a beaucoup aimé la tension induite par les choix à faire et les réponses de l’environnement. Cette nouvelle édition de Edge apporte enfin des règles beaucoup plus claires et compréhensibles que celles de la version précédente. Le trait de Vincent Dutrait vient sublimer le jeu et fait de cette nouvelle mouture celle par laquelle vous pouvez commencer facilement ; que vous ne connaissiez pas la gamme ou que vous ayez été rebuté par la précédente version.

La Récap de la Rédac

Nombre de joueurs de 1 à 4 survivants
Age conseillé à partir de 14 ans
Durée d’une partie 90 – 120 minutes
Auteurs Ignacy Trzewiczek et Joanna Kijanka
Illustrateur Vincent Dutrait
Éditeur Edge
Prix 55 € le jeu de base
40€ pour l’extension
Philibert Playin
Parkage Ludum

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