Salut les metalleux ! Il y a quelques jours est sorti Kodex Metallum – L’art secret du Metal décrypté par ses symboles écrit par Alt 236 et Maxwell. Les deux vidéastes de Youtube ont collaboré pour produire un grimoire qui recense et analyse les détails de l’iconographie du Metal, paru dans la collection Hoëbeke des Éditions Gallimard.
En règle générale je suis assez frileux en ce qui concerne les livres écrits par des Youtubeurs. Craignant des produits de consommation plus que des objets culturels, je m’y aventure rarement. Cependant, je suis un grand amateur des vidéos d’Alt 236 pour leur qualité et le travail fourni par le vidéaste. De son côté Maxwell n’est pas en reste, l’alliance des deux personnalités ne laissait donc que présager un ouvrage de qualité, je me suis donc laissé tenter.
Black Shining Leather
Avant de se concentrer sur le contenu, on ne peut taire plus longtemps la qualité du contenant. L’ouvrage en tant qu’objet est superbe. De belle taille (22.7 x 2.8 x 27.8 cm) et avec une couverture rigide en simili cuir noir, le livre interpelle grâce à l’illustration dorée réalisée par Fortifem, le duo d’illustrateurs français bien connu des amateurs de metal, mais pas que ! Ensuite, en prêtant un peu plus l’œil aux détails, on découvre tout un décor floral qui sert de cartouche aux noms des auteurs, dans un effet cuir repoussé subtil. L’ensemble est très élégant et la couverture rigide assure sa pérennité.
Le papier est très épais et agréable. Plusieurs fois je me suis surpris à penser avoir deux pages entre les doigts, alors que non.
Néanmoins, j’adhère moins au choix d’avoir laissé les marques d’impression sur le livre. Ne vous étonnez pas de ces marques, ce n’est pas un défaut d’impression mais Alt 236 a éclairé ma lanterne à ce sujet, c’est un choix graphique pour casser l’effet « vieux grimoire ». Le Kodex Metallum est un très beau livre et ces marques, à mon sens, tranchent vraiment trop avec l’ensemble. C’est dommage mais l’intérêt du livre reste entier et vous les oublierez rapidement tant votre œil sera happé par les pochettes d’album.
« Symbols and signs to know us by »
Les deux vidéastes ont déjà collaboré sur un projet commun : The Art of Metal, publié sur la chaîne Youtube de Maxwell. La vidéo de plus de 75 minutes est passionnante et on est captivés dans ce voyage à travers l’art et le temps. Kodex Metallum propose un voyage qui s’en rapproche mais sans faire doublon. Bien entendu, les deux œuvres ayant été réalisées par les mêmes créateurs, on trouve forcément des similitudes, mais assez de différence pour justifier le visionnage et la lecture des deux supports.
Les 192 pages que contient l’ouvrage sont richement illustrées, par les pochettes d’album évidemment, mais également par Fortifem et Mathias Leonard. Le contenu est divisé en 10 chapitres de taille variable, et ce sont plus de 80 mots clés qui sont passés à la loupe, et surtout leurs différents traitements dans l’univers du Metal.
Les chapitres s’ouvrent sur un titre en latin et une superbe gravure réalisée par Fortifem. Ensuite le découpage est assez efficace puisqu’on a le mot et toute son analyse sur la page de gauche, et la page de droite illustre ce concept par l’exemple avec des pochettes d’albums. Mais ce n’est pas tout ! Chaque analyse est accompagnée d’une petite œuvre de Mathias Léonard qui vient appuyer le thème.
Fortifem a également signé la couverture de cet ouvrage. Et pour le coup, je dois avouer que je la trouve particulièrement réussie et fidèle à l’esprit de l’ouvrage. Avec Kodex Metallum, on a vraiment l’impression qu’on nous offre les clefs pour découvrir le Metal et son univers tentaculaire.
Tout le spectre de l’imagerie Metal est balayé, on trouve ainsi des entrées très pragmatiques comme le loup, le grand bouc, les tanks mais également des concepts un peu plus généraux comme le Lifestyle ou l’abstraction. En discutant avec Younz de l’ouvrage, il a soulevé le fait qu’il trouvait certains sujets très clichés, comme “Le Seigneur des Anneaux” ou “l’Acier”. L’évocation de ces thèmes est effectivement très convenue, mais certains groupes comme Summoning ont basé leur discographie sur l’oeuvre de Tolkien par exemple. Ne pas mentionner ces entrées si évidentes c’était passer sous silence d’énormes pans de la culture metal, ça aurait été dommage.
Enriched by Evil
Tous les thèmes sont abordés simplement et mêlent anecdotes sur les groupes et analyses plus pointue avec aisance. Kodex Metallum est très agréable à lire. Je n’ai pu m’empêcher de le dévorer d’une traite, mais j’y retournerai de manière plus ponctuelle à l’occasion. C’est un livre qui peut tout aussi bien se savourer par petites sessions en prenant juste quelques thèmes et en explorant autour de cela.
Tous les visuels présentés dans cet ouvrage ne s’adressent pas à tout le monde. Bien qu’on nous épargne les plus explicites comme la pochette de Reek of Putrefaction de Carcass ou celle de Dawn of the Black Hearts de Mayhem, certains peuvent tout de même être dérangeants. Selon la sensibilité du lecteur, certains chapitres seront plus éprouvants que d’autres à lire. Personnellement j’ai découvert de nombreux groupes que je suis allé écouter par la suite. On profite bien des artworks présentés dans le livre. Certains sont quasiment à la taille des pochettes de CD originales et d’autres sont même plus grandes, format que l’on ne voit pas souvent (à moins d’avoir les vinyles), donc de quoi profiter au maximum des détails.
J’ai apprécié que Kodex Metallum ne se contente pas de présenter les visuels et symboles des albums les plus connus du Metal. Maxwell et Alt 236 nous guident dans les méandres de l’imagerie musicale pour nous faire découvrir les codes les plus obscurs du genre. En ce sens, l’ouvrage s’adresse tant aux connaisseurs qui souhaitent approfondir leurs connaissances du Metal qu’aux néophytes curieux qui souhaitent découvrir cet univers.
C’est précisé à plusieurs reprises dans le livre mais le Metal a, au fil du temps, créé ses propres codes et peut paraître hermétique aux non initiés. Sans dire qu’on est pris par la main, les auteurs accompagnent le lecteur pour tenter de rendre un peu plus accessible l’imagerie du Metal, et ouvrir cet univers à tout le monde.
Thus spake the nightspirit
Pour aller un peu plus loin, j’ai demandé à Alt 236 s’il accepterait de répondre à quelques questions pour intégrer ses réponses à la chronique. Il a immédiatement accepté et s’est montré extrêmement bienveillant, donc un grand merci à toi Alt si tu lis ces quelques lignes! Je vous laisse donc découvrir le contenu de mon échange avec Alt 236 sur Kodex Metallum :
Bonjour Alt 236, et merci d’avoir accepté de répondre aux quelques questions qui suivent. Pour celles et ceux qui ne te connaissent pas encore, pourrais-tu te présenter?
Comment s’est passée ta rencontre avec Maxwell et comment vous est venue l’idée de cet ouvrage sur le metal?
L’éditeur vous a laissé carte blanche pour la réalisation de cet ouvrage?
Elle a toujours poussé à essayer de faire le meilleur truc possible, et même au niveau des illustrations. Par exemple c’est Maxwell qui a proposé Fortifem et Mathias Léonard, elle a vu leur travail et a dit oui tout de suite. vraiment trop bien, il n’y a pas eu de “Ah oui, vous êtes sûrs…?”. Et pour autant on ne sentait pas quelqu’un qui dit “si tu veux, je m’en fiche”. Quand un producteur ou un productrice arrive à faire confiance et à soutenir l’artiste ou le créateur ou créatrice, franchement on ne se rend pas compte à quel point ça peut être une force aussi. On parle souvent de la production comme quelqu’un qui dit oui, qui dit non, qui corrige des trucs pour que ce soit bon pour le marché, et bien pour autant, il y a aussi plein de gens passionnés qui veulent vraiment voir naître des projets qui les excitent autant que toi en tant que créateur. Et du coup Marie, c’était complètement ça. C’était un énorme plaisir de pouvoir parler de Metal en plus, qui n’est pas très mainstream, pour faire un beau livre un peu culturel, dans une maison d’édition qui sort des trucs sur la peinture sur les musiciens… C’était cool aussi d’aller dans ces contrées là avec eux. Le Metal est tout de même très répandu, il y a des millions de gens qui en écoutent, pour autant t’en entends jamais à la télé… C’est là, mais dans un monde parallèle. Dans le mainstream le Metal n’est pas vraiment très représenté, en tous cas en France.
Le duo d’illustrateurs Fortifem a réalisé des visuels pour Kodex Metallum, et signera également la couverture de l’édition collector d’Astra Mortem, ton nouveau projet littéraire. J’en déduis donc que votre première collaboration s’est bien passée. Peux-tu nous en dire un peu plus sur cette rencontre, ainsi que celle avec Mathias Leonard?
Très vite on s’est penchés vers les artistes qui seraient capables de faire un travail assez proche de la gravure pour récupérer ce côté un peu éternel et intemporel et en même temps très classe. Du coup Mathias et Fortifem étaient dans ce style là, on a passé plein d’artistes en revue avec Maxwell, mais Mathias et Fortifem étaient en tête de liste, mais on ne savait pas s’ils accepteraient. Déjà ils ont dit oui tout de suite, et c’était trop cool, et ça a été assez naturel dans le sens où on les a utilisés, pour utiliser leur style et leur talent précis. En tous cas, ce qu’on en percevait, et on n’a pas eu à les emmener ailleurs que ce qu’ils aimaient faire. Donc ça s’est passé assez naturellement. Il y a plus eu cet échange en disant à Fortifem “On aimerait que vous fassiez la couv et dix entrées de chapitres qui ont chacun une thématique, la voici et ce dont on va parler dans les chapitres”, il ont eu tous les éléments de l’écriture pour voir un peu où on allait, et après ils ont vraiment fait ce que eux avaient en tête. Et ça a été des coups de coeur direct, il n’y a pas eu d’allers et retours en disant “ça, ça ne va pas…”. Que dalle, on a reçu les illustrations comme des gosses en faisant “Ouah !” et Marie était trop contente aussi. Et Mathias, j’en parle même pas. Il devait faire 80 gravures pour tous les chapitres, donc c’était un taf encore plus énorme et on a été ravis dès le départ. C’est des gens qui ont une finesse, une sensibilité, une culture artistique qui est ouf. C’est un bonheur de bosser avec des gens comme ça, t’as pas besoin de te battre ou d’expliquer mille fois ce que t’as en tête. Il suffit d’utiliser le bon langage et ça va direct dans le sens où on veut tous aller. Et ça c’était vraiment génial. C’est pas toujours comme ça d’ailleurs dans les projets artistiques à plusieurs, clairement. Souvent c’est difficile de marier plein de visions, plein d’égos… tout ce que tu veux… Et là ça a été naturel.
Comment vous-êtes vous répartis le travail autour de cet oeuvre (recherches et écriture) et combien de temps avez-vous travaillé sur ce projet?
Ce qui est sûr c’est qu’on a relu, corrigé, échangé etc… jusqu’à presque ne plus réussir à pouvoir dire qui l’avait écrit, ce qui est un peu le cas aujourd’hui. Maxwell a apporté tout ce qui est culture, anecdotes, le choix des pochettes etc, et moi ce qui est plus analyse d’images et de symbolique. Avec un peu des deux aussi parce que je m’y connais un peu en Metal et lui aussi en art et en analyse, mais voilà, ça a été hyper organique et naturel dans notre écriture. Alors qu’encore une fois, je n’avais jamais écrit un truc à quatre mains, sauf sur des scénarios, des choses comme ça où tu fais des brainstorms et des réunions où tu décides des trucs, mais là écrire, c’est vraiment intime comme activité et on n’est pas des écrivains qui avons sorti vingt bouquins non plus, c’est stressant comme exercice. Mais on s’est soutenus et ça s’est fait sans trop de douleur.
Ca se ressent à la lecture, tout est fluide et j’ai dévoré le bouquin.
Pas vraiment, si j’avais à en faire une, ce serait juste une toute critique de passionné, parfois une page par thème c’est presque trop court. J’aurai aimé que ça aille plus loin, que ce soit plus développé. Il y aurait presque moyen de faire un petit livre sur chaque thème mais ça aurait changé le format de l’ouvrage.
Ce que je disais dans la petite chronique que j’ai écrite avant, c’est que j’ai apprécié le fait que Kodex Metallum s’adresse à tout le monde. Aux passionnés qui cherchent à compléter leurs connaissances en anecdotes ou en analyse mais aussi aux néophytes qui veulent mettre un pied dans l’univers du Metal, par le biais de l’iconographie qui est plus universelle que la musique.
Et même pour mon cas particulier, j’ai plutôt écouté du rock ou du rock un peu bourrin dans ma jeunesse, mais j’ai jamais été hyper deep dans du Black du Death ou des choses comme ça, en tous cas c’est venu beaucoup plus récemment quand j’ai redécouvert ça en étant plus adulte, mais pour autant dans ma jeunesse ça m’est arrivé d’acheter des magazines genre Hard’N’Heavy parce qu’il y avait un hors série sur le Black ou une thématique un peu ouf. Je n’écoutais pas les groupes mais j’adorais lire leur histoire.Tout ce qu’il s’est passé avec le Black, les églises et tout ce qu’on voit dans le docu Until The Light Takes Us que j’ai bouffé en trouvant ça mortel. Mais pour autant j’ai pas été écouter 50 trucs de black derrière, j’en connaissais un peu mais voilà. Depuis la vidéo et ma rencontre avec Maxwell je suis devenu un gros fan de Vader sur certains de leurs albums, j’ai découvert des trucs de ouf, même en Death, même en Black. Summoning je suis devenu ultra fan. Il faut laisser aussi la place aux gens. Tu peux découvrir le Metal à 40 ans, trouver ça trop cool et on s’en fout.
Il y a vraiment aussi dans ce livre l’idée de ne pas rester dans sa chapelle satanique, tu vois? Mais sans tomber dans “Le Metal pour les nuls” ou un truc qui viendrait flatter par les mauvais côtés. On pourrait très bien parler de Metal par les trucs un peu polémiques, en disant que les trucs un peu sales et crados. Tu peux entrer dans le Metal comme ça, avec “Le livre choc du Metal”… J’espère que ce n’est pas ce que tu as ressenti !
Ah non, pas du tout ! On sent que ce n’est pas votre démarche
Comme ça tu peux parler aux gens qui sont dans le même état d’amour que toi, qui vont se retrouver là dedans – ça confirme des choses, tu découvres de belles illustrations qui ont été créées pour et de belles pochettes… Il y a un truc entre le livre d’art et en même temps un petit essai, une piste de réflexion pour ouvrir des portes… Pour les gens qui vont le lire, même s’ils sont spécialistes de Metal, je suis sûr qu’il y en a quand même qui vont découvrir quelques albums qu’ils ne connaissent pas, faire des rapprochements qu’ils n’avaient pas forcément et tout.
Ca a été mon cas, j’ai apprécié de ne pas retrouver que les gros groupes ou pochettes ultra connues.
Il n’y avait pas vraiment de livre sur l’iconographie du Metal. Il y a Art of Metal, mais qui est quelque chose de plus historique, de plus chronologique et qui pour le coup montre beaucoup moins d’images, qui est uniquement en anglais… Il y avait un autre trucs aussi mais pas axé sur les pochettes vraiment, c’était sur la culture, les piliers du Metal, comment l’histoire s’était déclenchée, qui avait ramené le premier le corpse paint et tout.
Ce n’est pas vraiment l’approche qu’on a la dessus. Nous c’était vraiment un livre d’images sur lequel on vient parler des images qu’on regarde mais même si on parle beaucoup de la musique, en disant voilà pourquoi ils sont choisi telle image et tout, on parle vraiment plus d’iconographie que de musique.
Et ça, ça n’avait pas été vraiment fait comme ça. Du coup c’est ce qui nous a intéressé aussi dans cette idée de codex, de voyage iconographique un peu mystérieux, surtout avec l’idée de déchiffrer. C’est quand même très codifié, et même si on ne fait pas d’analyse universitaire, il y a quand même beaucoup de choses que les gens peuvent décoder maintenant.
Je suis sûr qu’après la lecture du livre, quelqu’un qui ne connaissait rien au Metal peut se pointer dans un shop de Metal et être moins perdu et pourrait reconnaître un T Shirt de Heavy d’un T shirt de Grind. Et c’est cool de pouvoir permettre ça à des gens qui ne connaissaient pas.
Pour le coup, l’illustration de couverture est vraiment bien réalisée. Le livre donne les clefs du Metal au lecteur!
Tu vois, ce qui est trop cool aussi, en petit détail, c’est qu’avec avec Marie l’éditrice, on trouvait que mettre nos noms et celui de la maison d’édition en doré pour aller avec le logo classe ça aurait cassé le côté beau livre. Elle a été OK pour les mettre sur un bandeau, de mettre les noms dans la gravure en noir, pour qu’ils soient là mais que tu ne les vois pas au premier coup d’oeil. C’est un risque aussi pour la maison d’édition qui aurait pu dire “On met le logo!”. C’est trop cool d’avoir accepté toutes ces petites choses, même si bien sûr il y a les aléas de l’édition, les allés-retours entre les correction et tout le travail qu’il faut faire et qui n’est pas toujours facile, mais en vrai on était tellement heureux de voir qu’elle nous a suivis jusqu’au bout. C’est même elle qui a proposé la couverture cuir en nous montrant l’exemple d’un autre livre sur Cartier-Bresson qui était magnifique en nous disant “ça vous dirait de faire un truc dans ce genre là?”. On a rebondi là dessus, elle en a discuté avec Fortifem qui a proposé des idées au niveau de la fab’ et d’autres trucs. Tu vois c’est ce genre de projet ça. Quand j’ai reçu mon exemplaire auteur et que je l’ai eu entre les mains, c’est une émotion de ouf. Ne serait-ce que d’ouvrir le bouquin et de sentir l’odeur du livre, tu fais “Ouah, c’est un vrai livre et tout !”. Et on a halluciné sur la qualité du papier. Marie avait dit qu’elle voulait un beau papier, mais ce que sait un éditeur sur la fabrication, toi tu en le sais pas en tant qu’auteur donc quand on l’a reçu c’était “Ah ouais, c’est aussi classe que ça?! Yes, trop bien!”
C’est un peu un rêve de gosse aussi de faire un livre. Déjà c’est une super belle aventure, et en plus sur un thème comme ça ou tu peux aller loin. Ils nous ont même laissé mettre des pochettes assez ghetto. Il n’y a pas eu de trucs “C’est un livre grand public”, ils nous ont laissé éditorialement totalement libres, hors les corrections, mais totalement libres.
Même moi ya des images où j’ai un peu de mal à regarder. Il y a un ou deux thèmes où j’ai laissé Maxwell…
Si t’as envie de faire ton kiff t’y vas, ou même si t’as envie d’aller explorer les pochettes de Grind t’y vas, mais les pochettes de Grind c’est quand même chaud. C’est comme aller sur Rotten.com, tout le monde n’est pas prêt. Et on en parle dans le livre, c’est justement des gens qui sont hors des circuits et qui veulent un peu s’exclure du truc. C’est intéressant de l’analyser, mais je trouve ça ouf qu’ils nous aient laissé mettre quelques pochettes. Mais ça explique bien aux gens. En voyant le truc tu vois vraiment tout le panorama : t’as des pages avec de la gravure en mode Lucifer trop beau et d’autres avec des photos de cadavres, et après t’en as une autre avec des trucs un peu caricature rigolo. Je trouve ça hyper cool d’avoir fait ce rangement, mais il y avait aussi une idée derrière ça. C’est de dire, quand tu prends le recul qui apparaît quand tu fais une classification – c’est un peu ce que je fais pour mes vidéos, et Maxwell aussi – tu commences par une phase de recherches ou tu compiles un peu tout, et après tu commences à ranger. En fait, une fois que tu prends une pochette et que t’es capable de la ranger dans un de tes 60 dossiers, tu sais que t’as à peu près fait le tour et que tu as vu un peu le panorama. Quand tu ouvres ton dossier “Graphisme” par exemple où tu as mis toute tes pochettes, même si elles sont toutes différentes, elles vont toutes avoir un truc en commun, c’est que c’est les pochettes qui utilisent le graphisme. Et c’est un peu ça la démarche, on a essayé de faire un truc, on a pris du recul et on s’est dit en voyant toutes les pochettes de Gore Grind “Voilà c’est ça qui ressort”. Il y a un peu l’idée de résumer, mais aussi de donner une entrée vers le truc pour donner des clefs de compréhension pour quelqu’un qui voudrait aller plus loin comme tu le disais tout à l’heure.
Je pense qu’au delà des livres, c’est un peu le travail de recherches que tout le monde fait. Il y a un travail de recherches qui va dans tous les sens, tu ne veux pas passer à côté de quelque chose, tu y vas avec un esprit ouvert, tu prends tout et après du te dis “Bon, j’ai un énorme bordel devant moi, comment je le range?”. Et c’est vraiment au moment où tu fais cet exercice de rangement que tu commences à réfléchir à comment tu vas structurer, comment tu vas ranger, de quoi tu vas parler ou pas parceque c’est trop anecdotique ou hors sujet. Tu vas passer par pleins de filtres ce gros travail de recherches tous azimuts que tu as fait. En faisant ce travail là avec Maxwell on est arrivés à dire “il y a 95 chapitres”, et on a dû en choisir un peu moins pour une question de pagination, et tous pleins d’autres trucs qui arrivent. En gros c’est vraiment cette technique d’entonnoir et de rangement d’une grosse masse d’informations. Et après il y a les questions de style pour essayer d’écrire de façon harmonieuse et faire de belles tournures de phrases sans être pompeux.
Il y a tout un travail stylistique plus compliqué parce qu’on n’est pas des écrivains, donc j’espère que c’était quand même assez agréable à lire. T’as pas eu l’impression que c’était écrit par deux personnes en même temps?
Non pas vraiment. Par moments je me suis amusé à essayer de reconnaître les styles en me disant que ça ressemblait plus au style de Maxwell ou au tien, mais au final j’ai aucune certitude.
On s’est très vite libéré de ça, on est passionnés, on veut faire le plus beau livre de la Terre à notre façon, et on a juste pensé à faire le truc le plus cool pour que les gens kiffent quand ils vont le lire et l’ouvrir. On s’est vite détachés de tout ça, et finalement j’ai pas lu un seul tweet qui dirait ça, les gens sont ultra-bienveillants avec nous, il faut le reconnaître. D’ailleurs je voudrais remercier ici les gens qui ont préco en masse, il y a eu un soutient de ouf, qui fait du coup aussi bouger un peu l’édition. On a vécu ça un peu aussi avec Astra Mortem à côté, par le biais d’un financement participatif, qui est un truc incroyable, qui permet de choses dingues, mais c’est aussi génial de voir que là on est dans une maison d’édition classique mais que pour autant il y a aussi des gens qui s’intéressent à ce qui se fait sur Youtube, à essayer de repérer des gens qui peuvent avoir des choses à dire. Et encore plus dans une boîte qui appartient à Gallimard, c’est pas une boite de fanzine packs.
C’est hyper encourageant de voir qu’ils nous ont laissé faire. Et apparemment, il y a même des gens chez Gallimard qui ont aimé le bouquin alors que ce ne sont pas du tout des metalleux. C’est aussi agréable de voir ça, il faut le reconnaître. C’est cool de voir quand les choses changent dans un sens qui me semble être le bon.
Peux-tu nous raconter ton premier contact avec le metal?
Même Immortal ça m’avait choqué à moitié. Il y avait vraiment un truc fasciné / choqué, il y avait ce mélange là. Et en fait avec les années je me suis encore intéressé à tout ça, mais sans vraiment en écouter. C’est avec Maxwell, en faisant nos recherches pour le docu et pour le livre que là vraiment j’ai eu la curiosité de ouf de dire “Cette pochette est ouf, qu’est-ce qu’ils font comme musique?” et de prendre des grosses claques. Parfois de moins aimer, mais j’ai découvert des trucs, comme je te disais, comme Vader, Behemoth, plein d’autres groupes que j’ai pas en tête pour le moment mais des trucs géniaux.
As-tu d’autres projets en cours dont tu peux nous parler?
A côté de ça il y a les vidéos de la chaîne classique, il y a le nouvel album qui sort début 2021… C’est un peu un de mes problèmes, je suis toujours avec plein de projets, et certains qui prennent du temps. Le livre par exemple ça faisait 6 mois qu’on était dessus. Astra Mortem ça fait quasiment un an qu’on en parle avec Sullivan, c’est avec l’arrivée de Mehdi que c’est vraiment devenu Astra Mortem. C’est tombé un peu en même temps mais ce n’était pas voulu.
Un dernier petit mot pour conclure?
Merci d’avoir pris le temps de nous accorder cette petite entrevue, et merci pour ta patience et ta gentillesse face aux soucis techniques qui ont ponctué cette discussion. On te souhaite une bonne continuation et le meilleur pour tes projets en cours et à venir ! A bientôt et merci de rendre accessible à tous la beauté des univers sombres et vertigineux que tu explores.