Dans le cadre du Hellfest 2023, nous avons pu échanger quelques minutes avec Gérald Milani, président du label associatif Les Acteurs de l’Ombre, que nous remercions chaleureusement pour son temps, ainsi qu’Amandine pour l’organisation. C’était une première pour nous d’interviewer quelqu’un de vive voix, un exercice pas simple mais plutôt chouette et on espère que le résultat sera intéressant !
Peux-tu nous parler de ton parcours, de comment tu es passé de chanteur à président de label ?
J’ai toujours été passionné de metal, depuis que je suis en 6ème. Un parcours classique, j’ai commencé par le grunge avec les premiers albums de Nirvana, le heavy et un peu de death. Je suis arrivé au black au lycée, en seconde, et depuis ce jour-là j’ai pas quitté le milieu. J’étais dans une petite ville qui s’appelle Salon-de-Provence et pour mes études à 18 ans j’ai eu l’occasion d’aller à Marseille et c’est là que j’ai rencontré des gens, que j’ai intégré des groupes. Le premier c’était en 1996, un groupe de black metal médiéval et ensuite quelques années plus tard en rencontrant des gens dans le milieu marseillais on s’est rapprochés pour créer un webzine qui s’appelait Les Acteurs de l’Ombre, en 2001. Après j’ai été muté pour des raisons pros à Paris en 2003 où le webzine a continué pendant 5 ou 6 ans et en même temps en arrivant sur Paris j’en ai profité pour commencer à organiser des concerts, des festivals. C’était jusqu’en 2009, et après j’ai eu une nouvelle mutation professionnelle où je ne pouvais plus présider l’asso car à distance c’était moins facile. J’ai proposé à l’équipe de monter un label car ça faisait un bon moment que ça me trottait dans la tête. En quittant Paris, l’association m’a alloué un petit budget, et la première sortie c’était le premier album de Pensées nocturnes, Vacuum. En 2010 le 2ème album de Pensées nocturnes, Grotesque, et puis petit à petit le roster s’est étoffé.
J’ai lu quelque part que tu étais prof en parallèle, est-ce toujours le cas et si oui comment fais-tu pour gérer autant de choses en même temps ?
C’est mon métier prof, c’est ce qui me fait vivre car nous sommes bénévoles dans l’association. C’est aussi une passion, j’aime beaucoup les enfants et enseigner. Depuis tout jeune, j’étais animateur dès que j’ai pu. Pendant que j’étais prof je passais aussi les vacances scolaires à animer dans des colos, et donc oui toujours prof. Je me suis mis à temps partiel pour dégager un peu de temps pour le label, mais c’est mon métier, c’est ce qui me fait manger et ce n’est pas prévu que je le quitte car c’est concrètement pas possible de monter un label professionnel avec des salariés à notre niveau.
On reste vraiment dans une niche, et il ne faut pas se le cacher le metal extrême c’est pas non plus la folie. Il y a eu un petit boost au niveau des années 2010/2015, mais c’est un peu retombé, et donc tant que le label pourra continuer on continuera, mais je garde un pied dans l’éducation nationale. Ça fait des journées chargées mais moins qu’il y a quelques années car l’équipe s’est beaucoup étoffée. Pendant longtemps je me suis occupé aussi bien de la promo, que des signatures, de la production, de la distribution. On était 2 ou 3 donc c’était compliqué. Là on est une trentaine donc les tâches sont bien dispatchées et très cloisonnées. Ça fait beaucoup de boulot car notre roster a beaucoup évolué aussi. Le mois de juin c’est vraiment le pire, c’est fin de trimestre, fin d’année, conseils de classes, les fêtes d’école … Et d’autres événements que j’organise aussi. En juillet on a le Satanas Ebrietas Conventus qui est un festival de la bière et de black metal. Il y a sept brasseurs qui ont une esthétique musiques extrêmes et black metal français, et chaque année on bouge chez un brasseur et cette année c’est à la Brasserie de l’Apocalypse en Normandie.
Est ce que c’est la continuité des feux de Beltane ?
C’est différent. Les feux de Beltane c’était vraiment un événement porté sur le culturel avec beaucoup d’artisans, de conférences, d’expositions … Là c’est beaucoup plus petit, mais il y a toujours des conférences, des lectures, des contes car c’est un côté culturel, artistique que l’on veut conserver. Ce n’est pas une continuité mais un autre bébé.
Comment se structure un peu l’association ? Est-ce que chaque membre peut s’exprimer sur le choix de signer les groupes ?
On reçoit pas mal de candidatures, pratiquement chaque jour. Avant je m’en chargeais mais maintenant c’est Vincent qui s’occupe de faire une présélection, et quand des groupes sortent du lot il les propose sur un forum de discussion. Toutes les personnes qui sont intéressées pour s’exprimer peuvent le faire. On discute, on voit en fonction de nos critères et des goûts de chacun, mais tout le monde ne donne pas son avis. Certains sont dans l’asso et cette partie de signature ne les intéresse pas vraiment. Chacun est libre de s’investir comme il le veut.
Quels sont les critères justement pour signer chez Les Acteurs de l’Ombre ?
Ce sont des critères qui ont évolué, car déjà on a réduit notre roster. C’est-à-dire que pendant des années on a fait 2 sorties par mois et une sortie en juillet en août. Là, on réduit à une sortie par mois et rien en juillet / août. Ça réduit pas mal les possibilités de signature, donc forcément on a un peu élevé les critères pour se montrer plus sélectifs. Les critères aujourd’hui, c’est un groupe qui joue en live et qui a envie de jouer live, un groupe qui se projette sur moyen et long terme et qui a un projet pas forcément de carrière, mais qui sait où il va. On se recentre également sur les groupes français uniquement. Bien sûr il y a une question de feeling, il faut que le contact passe bien et que le groupe se montre hyper motivé et soit force de proposition etc… Maintenant on évite les EP car c’est plus difficile à promouvoir, pour obtenir des chroniques et des interviews, surtout pour des groupes qu’on signe qui sont des groupes émergeant. On fonctionne un peu moins au coup de cœur même si les groupes que l’on signe ne sont que des groupes qui nous plaisent, on regarde aussi la portée commerciale.
Certains groupes emblématiques du label (The Great Old Ones, Regarde les hommes tomber) ont décidé de signer ailleurs pour s’exporter à l’étranger. Est-ce qu’à terme vous avez envie de grossir pour leur permettre de le faire en restant chez vous ?
On est conscient de nos limites, on reste un label franco-français. 80% de nos clients sont des français, et après c’est l’Allemagne et les États-Unis. C’est clair qu’un groupe qui veut se développer, à un moment donné il doit aller chez un label plus gros qui va leur ouvrir des tournées à l’étranger, qui ont des tourneurs plus importants. On est un peu des découvreurs de talents, et quand on arrive à notre limite on ne retient pas les groupes pour ne pas leur mettre des bâtons dans les roues. Mais ça fout quand même un coup au moral la première fois que ça arrive.
NOTE : à partir de ce moment-là de l’interview, le téléphone qui enregistrait et qui était en plein soleil s’est mis en sécurité et a coupé l’enregistrement… On vous a dit que c’était notre première ! On a eu de la chance car nous arrivions au bout des questions, et le reste de l’interview sera donc retranscrit “approximativement”.
Comment ça se passe pour faire jouer vos groupes au Hellfest ? C’est la programmation qui vous contacte ou bien vous proposez certains groupes en fonction de l’actu ?
En début d’année j’envoie à la programmatrice du Hellfest une liste de groupes que l’on veut faire jouer, et elle arrange ça au mieux ensuite pour satisfaire tout le monde.
Quelles sont les prochaines sorties du label ?
Début juin c’est le dernier album de Miasmes, Répugnance qui est sorti. Comme je le disais, on arrête de sortir des albums en juillet et en août, donc la prochaine sera en septembre avec le projet ASET et l’album Astral Rape et dont les membres sont encore inconnus du public. Enfin en octobre c’est An Arrow to the Sun le prochain Lunar Tombfields qui sortira. Ce sont juste les prochaines, car le planning est quasiment bouclé sur un an.
Les Acteurs de l’Ombre va également débuter prochainement le financement participatif d’un jeu de société, MAL ARDENT, qui a été présenté sur pas mal de salons de jeux de société ces derniers mois et qui rencontre à chaque fois un franc succès. Panzer et Younz avaient voulu l’essayer lors de leur dernier voyage à Cannes, mais avaient dû faire machine arrière devant la queue pour s’asseoir à une table. Le label a eu l’idée de se lancer dans le jeu de société car beaucoup de membres de l’association sont des joueurs expérimentés, et après avoir eu l’idée d’un jeu permettant de monter son propre label, ils sont plutôt partis sur un jeu à rôles cachés. Une sorte de Loups Garous mais en plus poussé !
Pour être tenu au courant du lancement prochain du financement participatif, vous pouvez-vous inscrire sur Ulule :
Nous ne manquerons pas de vous en parler quand celui-ci sera lancé !
Mal Ardent est un village mourant, rongé par la Peste, la Famine, la Guerre et la Folie.
Terriblement atteints par le Feu de Saint-Antoine, et face à la désolation qui frappe à leur porte, les Villageois sont devenus fanatiques, et s’en remettent à la prière pour tenter de sauver ce qui peut encore l’être dans leur village désolé…
Une poignée d’entre eux, dévorés par la démence, sont persuadés d’être possédés par une entité démoniaque et vont tenter sournoisement de faire plonger le village dans la mort et le chaos, en priant le diable d’exaucer leurs souhaits les plus vils…
Chaque dimanche, sous l’autorité d’un nouveau Juge, le Conseil du village se réunit pour porter une Offrande aux Cieux. Et chaque soir du Seigneur, les Fléaux reculent… ou avancent. Repoussés par les Fidèles ou renforcés par les Possédés.
Nous remercions encore une fois Gérald pour son temps et sa gentillesse, et nous excusons pour la coupure en plein interview … L’erreur ne se reproduira pas ! Enfin nous voulions remercier encore Amandine pour sa confiance, et de nous avoir accompagnés dans cette grande première.
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