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Mexican Gothic – Horreur sous l’Equateur

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Salut les amateurs de fantastique ! Bragelonne a eu la gentillesse de nous faire parvenir un exemplaire du roman Mexican Gothic écrit par Silvia Moreno-Garcia, une de leurs nouveautés. 

La couverture ne m’a pas spécialement attiré au premier abord, puis mes yeux se sont attardés sur le bandeau rouge portant la mention « Lovecraft rencontre les Sœurs Brontë en Amérique du Sud ». En grand amateur du Maître de Providence, ça a tout de suite piqué ma curiosité. Ça m’a également fourni l’occasion de chercher un peu plus qui étaient les sœurs Brontë, dont j’entendais régulièrement parler grâce au roman Les Hauts de Hurlevent, écrit par Émilie Brontë, une des deux soeurs écrivaines.

Une fois accroché par cette phrase et mes recherches, je me suis donc lancé dans la lecture de cet ouvrage. 

L’histoire en quelques mots

Noemí Taboada est une jeune femme, fille d’un riche industriel, évoluant dans les sphères mondaines de la capitale Mexicaine. La jeune femme batifole entre divers cursus scolaires et relations amoureuses avec divers jeunes hommes de son milieu. Sa vie est partagée entre les études d’anthropologie qu’elle mène actuellement et les nombreuses soirées dans lesquelles elle se plaît à séduire et profiter de son confort de vie. Assez rapidement elle est rattrapée par des préoccupations plus concrètes apportées par le courrier inquiétant de sa cousine. Catalina, la cousine de Noemí rapporte dans sa lettre qu’elle se sent mal avec son mari, qu’il a tenté de l’empoisonner et donc qu’elle craint pour sa vie. 

Le père de Noemí insiste pour qu’elle se rende sur place, au manoir de la famille Doyle pour tirer cela au clair. Sa cousine a toujours eu une propension à la mélancolie, mais ses écrits sont tout de même des plus inquiétants. La jeune femme prépare donc, un peu à contre cœur, son voyage vers le manoir de la famille Doyle afin d’en savoir un peu plus sur la situation et venir en aide à sa cousine si besoin est. 

La famille Doyle qui accueille en sa demeure la cousine de Noemí est venue s’installer dans la région d’El Triumfo il y a des années pour exploiter une mine d’argent. D’origine britannique cette lignée fortunée met tout en œuvre pour maintenir les apparences et continue de vivre dans le manoir familial, malgré la fermeture de la mine et la décrépitude des lieux. 

C’est dans ce cadre que la jeune femme va mener l’enquête pour tenter de découvrir ce qui arrive à sa cousine et comment elle peut l’aider. Cependant elle découvrira rapidement que sa tâche n’est pas aisée et sera très vite rattrapée par le fantastique car le manoir semble avoir une bien étrange emprise sur ses occupants ! 

Un héritage respecté

Après une introduction des personnages bien menée, Mexican Gothic entraîne le lecteur aux confins du Mexique pour cette enquête. On retrouve quelques stéréotypes de personnages mais ils sont dans l’ensemble assez bien exploités. 

Je n’ai pas de comparaison possible avec Les Hauts de Hurlevent que je n’ai pas encore lu, en revanche ayant lu pas mal des œuvres de Lovecraft on retrouve dans Mexican Gothic de nombreux clins d’œil et parallèles avec les écrits du Maître de Providence. 

Le plus évident de tous est probablement le prénom donné au patriarche de la famille Doyle : Howard. En baptisant cet intrigant vieillard du même prénom que Lovecraft, Silvia Moreno-Garcia annonce la couleur, non pas tombée du ciel, mais son récit teinté de fantastique ne sera pas des plus reposants pour notre jeune héroïne. 

On retrouve également l’aristocratie décadente évoquée dans Le cauchemar d’Innsmouth, et le fameux « masque » qu’arborent les habitants de cette sinistre ville. Enfermée dans un carcan de traditions et pratiques, la famille Doyle est très hermétique à l’arrivée de la jeune citadine qui vient perturber leur routine quotidienne. Cette frange de la société présentée ici sert aussi à introduire dans l’œuvre le racisme dont les écrits de Lovecraft sont parfois teintés. Noemí, jeune femme mexicaine, subi les préjugés et concepts abjectes de la famille Doyle originaire du Royaume Uni. L’histoire prend place dans les années 1950, à cette période, la société, et encore moins l’aristocratie, semblaient peu enclines à intégrer d’égal à égal tous les individus. Noemí devra donc composer avec cette notion dans ses rapports avec la belle famille de sa cousine.

 Les songes que Lovecraft faisait explorer à ses protagonistes dans le cycle des Rêves ont, dans Mexican Gothic, un rôle important. Ils sont présents de manière récurrente au sein du récit et serviront ce dernier. Sans trop en dévoiler, ils jouent le même rôle que dans certaines œuvres de Lovecraft, en permettant au fantastique de s’immiscer dans le réel. 

Cependant Silvia Moreno-Garcia ne plagie pas le style Lovecraftien. Elle s’en inspire et y ajoute sa propre touche en développant plus l’approche sentimentale des personnages. J’avoue avoir eu peur que le récit bascule dans la romance par moments, mais l’autrice à su le doser comme il fallait pour que je ne décroche pas. (pas que j’ai quoi que ce soit contre les auteurs de romans de romance, juste que ce n’est pas le style qui m’intéresse.) Donc, sans prendre le dessus sur l’aventure, les quelques touches d’émotions amoureuses disséminées au sein de l’œuvre viennent étoffer les personnages et leur apporter du relief. 

De plus, le récit se déroule une grosse trentaine d’années après la période de prédilection des œuvres de Lovecraft, ce qui éloigne un peu plus les comparatifs entre les textes des deux auteurs. 

Conclusion 

Silvia Moreno-Garcia livre avec Mexican Gothic un bon roman fantastique qui captive le lecteur tout au long de l’aventure de Noemí. Utilisant habilement clins d’œil et références à Lovecraft, l’autrice crée une atmosphère inquiétante qui sert parfaitement son récit. Le rythme est assez calme en début d’ouvrage pour se révéler très soutenu sur la fin. On se trouve rapidement happé par cette ambiance complètement hors du temps où les traditions et les apparences sont primordiales. Cette famille Doyle, prête à tout pour sauver la face quitte à tout perdre en échange, est très intrigante et malsaine. La jeune Noemi aura fort à faire pour démêler le mystère qui entoure la lettre de sa cousine, et surtout celui du manoir des Doyle.

Le site de Bragelonne (sur lequel vous pouvez lire un extrait du roman) et la quatrième de couverture mentionnent l’adaptation prochaine de l’oeuvre en série. Ayant bien apprécié le roman, je suis curieux de voir comment il sera transcrit à l’écran, et sur quelle plateforme il sera visible.

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