Salut les négociants en thé ! Installez vous confortablement, une bonne tasse de thé à la main pour découvrir Ceylan de Suzanne et Chris Zinsli. Il s’agit du premier jeu édité par Funny Fox Games, une nouvelle maison d’édition française. Pour leur premier titre ils nous proposent de déguster un jeu dans lequel se mêlent gestion de ressources, contrats à remplir et majorité.
It’s tea time !
Dans Ceylan vous êtes à la tête d’une des compagnie de thé qui essaye de tirer son épingle du jeu en étant la plus performante. Pour cela il vous faudra user de tous les moyens possibles pour développer votre activité : plantation et récolte de la précieuse plante, mais également commerce et technologie sont au programme.
Ouvrons la boîte de thé
Mais ne brûlons pas les étapes et voyons la mise en place. Chaque joueur reçoit un plateau perso, et son kit de démarrage de l’exploitant en thé composé d’un personnage en bois, de 6 disques et 8 feuilles de thé, ainsi que quelques roupies et une caisse de thé noir.
On déplie le grand plateau et on y place les différentes tuiles qui vont créer du relief. L’aire de jeu est divisée en quatre districts, séparés par des cours d’eau. Selon le nombre de joueurs, tous les quartiers ne seront pas forcément ouverts. Chacun des joueurs s’implantera dans un quartier différent, sur n’importe quelle case du plus bas niveau. C’est à dire que chacun va installer un pion plantation et y placer son personnage et une feuille de thé de sa couleur prise sur son plateau personnel. On reçoit également 3 cartes Action par personne.
Il y a pas mal de petites subtilités dans Ceylan, que je vous présenterai au fur et à mesure, tout expliquer la mise en place serait un peu difficile à digérer. Par contre, ce que je peux vous dire tout de suite, c’est qu’en jeu tout est bien intégré et fluide.
Un tour de Ceylan, c’est rapide
Le plateau personnel est divisé en plusieurs sections qui sont très importantes. La partie sur laquelle sont stockées les feuilles de thé (que vous assignez aux plantations lorsque vous les créez) servira au commerce. L’entrepôt servira au stockage de vos caisses de thé récoltées.
Chaque joueur effectuera des actions par le biais de cartes. Mais l’originalité de Ceylan c’est que pendant le tour du joueur actif, les autres ne seront pas non plus passifs! Et ça on aime beaucoup car, contrairement aux autres jeux un peu orientés gestion/placement d’ouvriers, les parties sont ici plus dynamiques. En effet, les cartes sont divisées en plusieurs parties comprenant deux actions principales et deux actions alternatives. Lorsque le joueur actif lance une carte pour son action, il choisit quelle action il souhaite faire, tout en sachant que l’autre action principale pourra être utilisée par les autres joueurs. En revanche, les actions secondaires peuvent être choisies par n’importe quel joueur. Elles sont identiques sur toutes les cartes et consistent en du déplacement ou un gain d’argent.
Cette mécanique apporte une réelle profondeur au jeu et ajoute du poids aux actions. On réfléchi non seulement à sa stratégie, mais également à réduire les opportunités offertes aux adversaires.
La culture du thé
Le thé est toujours plus vert ailleurs
La récolte permet de récupérer des caisses de thé dans les exploitations où vous placerez votre pion, mais également dans tous les hexagones adjacents. Comme vous êtes des récoltants assez cools, vous allez récupérer le thé dans vos plantations, mais aussi dans celles des copains. Par contre, en dédommagement du pillage de la récolte, vous leur offrirez un point de victoire par champ ratissé… Plutôt réglo.
Vous n’êtes pas seuls !
Ne pas engager de conseiller c’est se priver d’un pouvoir pour tout le plateau mais également des points du district, ne les oubliez pas !
Une exploitation grandissante
Mais planter du thé est également important pour le commerce. Vous vous souvenez du plateau personnel avec les feuilles de thé qu’on déplace sur les plantations.? Dès que l’on n’a plus de feuille sur un emplacement, il est désormais disponible pour recevoir un contrat d’une compagnie de négoce.
Du vert qui vaut de l’or
Les contrats de commerce sont disposés en une rivière en haut du plateau. Thématisée sous la forme d’un train, c’est génial. Le commerce est un autre moyen de faire des points ou de l’argent. Pour cela, il faut utiliser l’action Commercer, normal jusque là. On choisit un contrat dans la rivière et si on dispose des ressources nécessaires, on récupère la récompense. On sera tentés de se jeter sur les points de victoire, mais obtenir 10 ou 12 roupies d’un coup pour payer ses actions futures n’est pas non plus pour déplaire… Le choix dépendra de la position dans la partie. Chaque compagnie a sa couleur et, une fois le contrat rempli, on le pose sur son plateau personnel dans un emplacement disponible. Comme c’est un peu la guerre entre les compagnies rivales, elles n’apprécient pas qu’on mélangent leurs contrats ! Il faut donc avoir dégagé assez d’espaces libres pour accueillir les récompenses des différentes firmes.
La théchnologie
Enfin, dernière action du jeu : le développement de la technologie. A l’ère de l’industrialisation et de l’automatisation, c’est important. La technologie n’est pas à négliger car elle rapporte des points en fin de partie si on est assez avancés sur la piste, mais aussi parce qu’en utilisant cette action on récupère un jeton Technologie.
Ce jeton peut être dépensé pendant son tour pour obtenir une action supplémentaire, n’importe laquelle! et là ça devient vraiment intéressant. A vous la récolte et le commerce dans le même tour en n’offrant qu’une action aux adversaire. A vous le déplacement et la plantations…
Teas is the end
La fin de partie est déclenchée quand on tire la dernière des 48 cartes du deck Action ou quand un joueur place sa dernière feuille de thé sur le plateau. On continue jusquà ce que chaque joueur ait effectué le même nombre de tours et on totalise les points. Le calcul est relativement simple, bien que l’on marque des points dans tous les sens. Il faut prendre en compte les points de majorité (si un conseiller est engagé dans la zone), la majorité sur l’argent encore en possession des joueurs et la position sur la piste de technologie. Toutes sont régies par le même tableau :
On y ajoute les points marqués en jeu grâce aux jetons bonus, aux récoltes, aux contrats. En parlant des contrats, plus vous aurez accompli de contrats pour des compagnies différentes, plus vous marquerez de points.
Dans Ceylan, toutes les actions sont intimement liées. Chaque décision que l’on prend au cours de la partie a un impact sur la suite et donc le score final. Mais ce n’est pas pour autant une usine à gaz, bien au contraire. Les parties sont fluides, sans réel temps mort (ça dépend quand même du temps de réflexion des joueurs) et intéressantes. On cherche sans cesse à progresser sans avantager les autres et optimiser ses points et pour nous, c’est vraiment un des points forts du jeu
Un jeu qui se savoure !
Esthétiquement je trouve Ceylan parfait. On est dans un jeu plutôt orienté gestion de ressources et dans lequel on pousse du cube en bois, mais il est superbe ! Le jeu allie mécaniques intéressantes et visuels superbes.
Laura Bevon a produit de magnifiques visuels, colorés sans être criards, desquels se dégagent une véritable douceur. On est aux antipodes des jeux typés germaniques aux designs datés. Une fois de plus, un beau jeu n’est pas synonyme de qualité, mais c’est quand même beaucoup plus plaisant quand un titre allie les deux aspects.
Petit point bonus pour nous, le paragraphe d’introduction au jeu. Il revient rapidement sur l’histoire de Ceylan et la crise économique engendrée par un champignon qui a ravagé les cultures de café au XIVe siècle. Cet épisode a conduit à la plantation de thé sur ce qui deviendra le Sri Lanka. C’est bien connu, on apprend toujours mieux en s’amusant. Ici, c’est le cas grâce au thème du jeu. Personnellement, c’est quelque chose que j’ignorais (idem pour l’ancien nom du Sri Lanka) mais dont je me souviendrai par le biais de cette anecdote. Comme pour les paragraphes introductifs de Mémoire 44, on apprécie ces notes instructives parsemées dans les jeux.
Finalithé
Ceylan est un jeu de placement d’ouvriers avec pour thématique la plantation et récolte de thé. Dans l’ex Sri Lanka vous devrez organiser au mieux vos plantations de thé pour maximiser les récoltes. Mais vous ne serez pas seul à vouloir exploiter les flancs des montagnes de Ceylan. Les autres joueurs seront aussi présents et essayeront d’avoir les meilleures places !
Rapide à la compréhension mais d’une richesse stratégique assez poussée, Ceylan est un jeu qui vous demandera toujours de réfléchir à 2 fois avant de faire une action. Chaque carte que vous utilisez a deux actions possibles, celles que vous n’utilisez pas sera disponibles pour les adversaires. Il faudra toujours faire attention à ne pas trop les avantager. Ces actions pendant les tours adverses permettent à Ceylan d’être un titre dynamique sans temps mort qui réussi le pari d’être intéressant sans être poussif. Une très belle découverte et un excellent premier jeu pour la nouvelle maison d’édition Funny Fox, on leur souhaite d’avoir des prochains jeux d’aussi bonne qualité !
La Récap de la Rédac
Nombre de joueurs | de 2 à 4 joueurs |
Durée d’une partie | Environ 45 minutes |
Auteurs | Suzanne et Chris Zinsli |
Illustratrice | Laura Bevon |
Editeur | Funny Fox Games |
Prix | Environ 40€ |
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