L’Appel de Cthulhu (The Call of Cthulhu, de son petit nom original) fut achevé en 1926 par le Maître de la littérature fantastique à mes yeux : Howard Phillips Lovecraft. Publiée originellement en 1928 dans le pulp magasine Weird Tales (magazine américain bon marché dédié au fantastique), cette nouvelle a parcouru un bon bout de chemin et s’offre à présent une édition de qualité, enrichie d’illustrations qui le sont tout autant, mais nous y reviendrons. Si l’histoire du fantastique et de la SF vous intéresse, vous pouvez sans mal retrouver des PDF de ces Weird Tales qui sont à présent passés dans le domaine public et admirer leurs couvertures délicieusement rétro.
L’Appel de Cthulhu a pour moi une place particulière dans mes lectures, c’est le premier texte de Lovecraft que j’ai lu étant jeune, après avoir vu le nom de l’auteur sur la pochette du vinyle Live After Death d’Iron Maiden. J’ai tout de suite été séduit par l’univers horrifique de Lovecraft. L’auteur originaire de Providence à su développer tout au long de ses écrits un panthéon horrifique d’êtres surnaturels (dont les Grands Anciens) et plongeant dans la démence les malheureux humains croisant leur chemin.
Assez parlé nostalgie et entrons dans le vif du sujet, avec le synopsis de cette nouvelle, pierre angulaire du Mythe de Cthulhu :
« Boston, 1926. Suite au décès, dans des circonstances étranges, de son grand-oncle, Francis Thurston découvre dans les documents dont il hérite l’existence d’une secte vouant un culte à une créature innommable, endormie depuis des millions d’années.
Sacrifices indicibles pratiqués dans les bayous de Louisiane, meurtres mystérieux perpétrés dans divers endroits du globe, artistes sombrant dans la démence après des visions nocturnes terrifiantes, renaissance de cultes ancestraux et surtout, une cité cyclopéenne surgissant de l’océan lors d’une tempête… Thurston va comprendre peu à peu que les recherches de son grand-oncle concernant le culte de Cthulhu étaient bien trop proches de la vérité et que, dans l’ombre, des adeptes œuvrent au réveil de leur dieu païen, prêts à faire déferler la folie et la destruction sur le monde.
Les astres sont alignés. La fin est-elle proche ? »
Si le texte est connu, le traitement qui lui est réservé dans cet ouvrage est pour le moins unique. François Baranger a mis son talent à l’œuvre pour illustrer (on ne va pas laisser le suspense planer plus longtemps) avec brio cette perle noire de la littérature. Monsieur Baranger est un illustrateur et auteur (Dominum Mundi, 2016 et L’Effet Domino, 2017) qui a exercé ses talents sur de nombreux et prestigieux projets. Il participa entre autres à l’excellent Heavy Rain de Quantic Dream en tant que concept artist et aux films Harry Potter et Le Choc des Titans en tant qu’illustrateur.
Le travail fourni sur L’Appel de Cthulhu est titanesque les illustrations s’étalent généreusement sur une page entière, voire même des doubles pages, pour notre plus grand plaisir. La mise en page met en relief certaines phrases et donne encore plus de profondeur à l’Oeuvre dans son ensemble.
Note : Afin d’illustrer correctement cette article avec des images de qualité, les illustrations présentées ici proviennent de la page Facebook de François Baranger dédiée à l’ouvrage. Les textes sont en anglais mais c’est bien une version traduite que nous avons en France.
Cette illustration en double page confronte rapidement le lecteur à la folie (thème cher à Lovecraft s’il en est) qui guette les protagonistes de l’Appel de Cthulhu. L’ombre tentaculaire du Grand Ancien plane sur cette chambre d’asile. Le malheureux patient tente désespérément de se racrocher à une sanité qui s’éloigne un peu plus à chaque pensée portée à ces créatures décadentes que sont les Grands Anciens.
Francis Thurston vient de faire rapatrier à son domicile les archives de son défunt oncle. Il rassemble les notes du savant et entraperçoit alors l’horreur d’un culte grotesque à des divinités déchues. Le bas-relief au premier plan nous offre une première représentation “concrète” de Cthulhu.
L’Alert, le vaisseau sur lequel les explorateurs navigue en vue de retrouver la cité maudite de R’lyeh, s’approche de la partie émergée de la ville. La vue plongeante sur les vestiges de R’lyeh, et la présence du bateau permettant d’avoir une échelle humaine, rendent parfaitement le gigantisme exprimé dans le texte. La transparence de la mer, pourtant déchaînée et les embruns sont magnifique sur cette illustration.
Le voici, Cthulhu est éveillé. Le Grand Ancien émerge des eaux, les malheureux explorateurs tentent de fuir en découvrant cette entité cyclopéenne. Une nouvelle fois les jeux de lumière sont impressionnants. Le vert de la mer m’a complètement séduit.
Je pense que ces quelques illustrations devraient finir d’attiser votre curiosité, il serait dommage d’en mettre plus dans cet article et ainsi de gâcher le plaisir de la découverte aux lecteurs.
Chaque illustration fourmille de détails que l’on n’aperçoit pas dès le premier coup d’oeil, c’est un régal de s’y plonger pleinement et d’en découvrir chaque recoin. Personnellement j’ai trouvé dans chacune des ces planches une couleur, une mise en scène ou encore un détail qui m’a vraiment touché.
Note perso : La texture de la peau de Cthulhu sur l’illustration de couverture, les embruns marins et les débris rocheux emportés par le Grand Ancien sont sublimes!
Si vous êtes amateur des écrits de Lovecraft et de belles illustrations, alors vous pouvez foncer sans soucis vous procurer cet ouvrage. Le prix de 24.90 € est totalement justifié, tant par la qualité des illustrations et de l’ouvrage en lui même que par le format (64 pages et 27.2 cm x 35.8 cm !) qui permet d’en profiter le plus possible. J’avoue que quand il s’agit de Cthulhu ou de Lovecraft, je suis plutôt bon public et ai tendance à partir avec un apriori positif sur l’oeuvre, mais en toute sincérité, cet ouvrage est une excellente découverte, que je recommanderai à tous. Que vous soyez novice dans l’univers de Lovecraft ou amateur confirmé, les illustrations de François Baranger accompagnent divinement la nouvelle fantastique, allant même jusqu’à la sublimer.